Bon, on s’optimise et on commence à retrouver notre rythme de croisière . Il nous faut toujours 2-3 jours pour retrouver nos marques. Après être arrivés trempés hier , il m’a fallu sécher le chariot, les protections de pluie, mon poncho ainsi que mon chapeau .

Nous avons dormi dans l’albergue municipale , et dans une des pièces est installée une reproduction de la Cruz del Ferro… en playmobils ! C’est ce que nous allons voir demain. En même temps que j’écris cela, je me demande si je ne l’ai pas déjà mentionné hier . Si c’est le cas, désolé, mais avec tout ce que nous vivons sur le chemin, chaque jour me semble en valoir deux .

Philippine s’est bien reposée pour un réveil à 7h15. Pour ma part, j’étais réveillé avec les premiers départs vers 5h du matin . N’ayant pas beaucoup de kilomètres à faire, nous flânons un peu dans Astorga , mais à cette heure tout est fermé, donc on admire de l’extérieur, notamment la magnifique cathédrale .

Nous reprenons le chemin qui, doucement mais sûrement, devient plus vallonné . On sent qu’on approche des reliefs galiciens . Demain grosse journée avec la Cruz del Ferro, point culminant du Camino Francés . Mais il va falloir la mériter, autant pour monter que pour redescendre. Nos anges gardiens éclaireurs nous ont prévenus de quelques difficultés sur ce tronçon . On verra bien !

Heureusement, nous avons un temps idéal pour marcher : nuageux, sans chaleur excessive, limite pluie à laquelle nous avons échappé aujourd’hui . On a fait une vingtaine de kilomètres, ce qui m’a permis de sortir le drone pour quelques images . Puis une bonne pause à Santa Catalina de Somoza .

Nous avons marché quelques minutes ou plus avec des Italiens , des Français , des Américains , des Sud-Coréens … Un tour du monde en quelques kilomètres . Philippine se la coule douce dans le chariot et trouve que je n’avance pas assez vite dès que je ralentis pour une photo ou une vidéo . En ce moment, c’est ambiance Noël dans le chariot : elle écoute en boucle dans son casque le CD de Noël de #Hopen .

À propos de vidéo, Marc et Virginie nous ont rejoints ce soir . Ils vont passer une partie du chemin avec nous pour filmer un maximum d’images pour notre documentaire. Mille mercis à tous ceux qui ont participé ! Nous avons dépassé la moitié de notre objectif :

www.compostelle-pere-fille.com/soutenir.html

Marc est celui qui a réalisé le documentaire que nous présentons lors de nos conférences . Ils étaient déjà venus l’an dernier pendant quelques jours et c’est lui qui va réaliser notre documentaire de 52mn.

Ce soir, nous dormons à l’albergue El Pilar à Rabanal del Camino , au pied du défi qui nous attend… ou pas . Difficile de savoir à l’avance si on pourra passer. Départ prévu à 7h pour profiter de la fraîcheur matinale et arriver plus tôt. Aujourd’hui, nous sommes arrivés vers 15h, et c’est agréable d’avoir un peu de temps le soir . Sinon, j’ai parfois l’impression d’être dans une course contre la montre : trouver une albergue libre, faire tamponner nos credentiales, décharger le chariot, faire prendre une douche à Philippine (sans mouiller les cheveux sauf shampoing, sinon… ), prendre moi-même une douche, laver nos affaires , les étendre, faire les courses , préparer le dîner , jouer avec Philippine , recharger les caméras, le drone, les iPhones, le lecteur MP3 de Philippine, l’appareil photo , se mettre en pyjama, coucher Philippine , vous écrire… et si je ne pique pas du nez, lire tous vos commentaires .

Merci à vous, vraiment, cela me donne plein d’énergie pour le lendemain . Et surtout, cela me permet de rendre grâce d’avoir la chance de vivre tout cela avec Philippine . Car malgré toute l’énergie que cela demande, j’en reçois encore plus grâce aux échanges que nous avons, entre nous et avec les personnes que nous croisons chaque jour .

J’ai toujours un malin plaisir à rappeler ce paradoxe : c’est le handicap de Philippine qui nous a mis sur ce chemin . Et cette fragilité apparente nous donne la force de parcourir des milliers de kilomètres . Lors d’une conférence à Paris, quelqu’un a eu cette remarque juste : qui pousse qui ? Moi, en poussant le chariot ? Ou Philippine, par son énergie, qui nous pousse à gravir des montagnes ?

Alors, le handicap… fragilité ou atout ?

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